(Image par David Mark de Pixabay)
Avant, même si j’aimais beaucoup les animaux et que j’étais très sensible à leur souffrance (en découvrant par exemple ce qu’on leur faisait subir pour tester des cosmétiques), je ne me souviens pas m’être un jour questionnée sur ma consommation de viande et de poisson. Je ne pense même pas avoir été triste à ce sujet comme cela arrive à certains enfants. Pour moi, c’était normal, c’était une habitude bien ancrée et jamais remise en question. On m’avait appris que l’on devait manger de la viande et du poisson, alors je le faisais. Comme la plupart des gens, j’imagine.
Les prémices
Un jour, en 2014 ou 2015 peut-être, alors que je me promenais dans la rue, on m’a tendu un prospectus contre les abattoirs avec une photo d’animal. Lorsque j’ai lu le titre et regardé la photo j’ai pensé « un jour, il faudra que je réfléchisse à ça ». En pensant cela, c’est comme si je savais qu’il y avait un souci, pour moi, avec le fait de consommer de la viande et du poisson. Est-ce que cela avait toujours été présent en moi mais jamais pensé jusque-là ni exprimé ?
Au cours de mes études, j’ai rencontré deux personnes végétariennes et j’ai ressenti beaucoup d’admiration à leur égard. Je les trouvais courageuses (c’étaient des filles), fortes, d’autant plus qu’elles ne s’en vantaient pas ni ne jugeaient les non végétariens. C’était en toute humilité, tolérance, discrétion. Elles n’en parlaient jamais les premières, c’était vraiment si la situation l’exigeait.
Le livre qui a tout déclenché
En 2015, par intérêt pour le sujet et sans penser une seule seconde que cela parlerait de nourriture (naïve !), j’ai acheté le livre « La Libération animale » (1975) de Peter Singer, un ouvrage de référence sur le thème des droits des animaux. Au moment où le livre a commencé à aborder le sujet des animaux comme nourriture, à la fois je ne m’y attendais pas (mais comment est-ce possible ?) et pensais pourtant « évidemment… ». Avant la lecture de ce livre, je n’avais jamais regardé une seule vidéo sur les souffrances que les hommes infligent aux animaux pour les manger, ni lu aucun texte, rien. Les questions soulevées par l’ouvrage sont : est-il éthique que les humains fassent souffrir les animaux, êtres sensibles pouvant donc ressentir de la souffrance, pour les manger (il existe des alternatives pour ne pas les faire souffrir mais trop peu pratiquées) ? Est-il éthique de tuer les animaux pour les manger ? Pour l’auteur, la réponse à ces deux questions est non. Peter Singer montre également pourquoi l’homme n’a pas besoin de manger d’animaux pour être en bonne santé.
J’ai été choquée par les descriptions des conditions de vie et d’abattage des animaux pour qu’on les mange. Au fil des pages, cela faisait son chemin. Et, à un moment donné, ç’en était trop : je n’ai progressivement plus réussi à manger de viande. La première fois que cela s’est manifesté, j’ai ressenti un dégoût tel que je ne pouvais pas manger le pâté qui était sur la table. J’ai menti à mon copain qui m’a questionnée à ce sujet : « si si j’ai pris du pâté ». Quand j’ai refermé le livre, j’ai totalement arrêté de manger de la viande.
D’abord, « flexitarienne »
Par contre, j’ai continué à manger du poisson. Alors que les poissons sont bien sûr eux aussi des êtres sensibles et qu’ils souffrent pour qu’on puisse les retrouver dans nos assiettes. Mais alors pourquoi ? Je savais qu’il allait falloir un jour que je songe à arrêter de manger du poisson mais en refermant le livre je n’avais pas ressenti de dégoût à l’idée de continuer à manger du poisson. Donc, j’ai continué. Je pense que j’avais peur aussi pour ma santé. Lorsqu’on me demandait pourquoi j’avais arrêté de manger de la viande mais pas du poisson, je répondais que j’avais conscience que si je devenais végétarienne il faudrait que je fasse attention à préparer des repas suffisamment riches en protéines végétales et que je ne me sentais pas prête à mettre tout cela en place pour le moment mais qu’un jour je le ferais, c’était sûr. J’avais également bien à l’esprit cet obstacle : je détestais cuisiner. J’ai aussi décidé d’y aller progressivement pour être sûre de ne jamais revenir en arrière. En plus, je sortais à peine d’une période de mal-bouffe. Devenir végétarienne du jour au lendemain me semblait clairement risqué me concernant. Donc, je suis devenue « flexitarienne ». Sauf que dans mon cas, ce n’était pas continuer à manger de temps en temps de la viande et du poisson mais ne plus manger de viande du tout et continuer à manger un peu de poisson.
Puis, végétarienne
Je ne saurais l’expliquer, je pense que le sujet a continué à mûrir inconsciemment dans ma tête car progressivement j’ai été dégoûtée de plusieurs poissons et crustacés, je ressentais un goût plus prononcé que d’habitude qui ne me plaisait plus. Au restaurant, je n’avais plus envie de commander de poisson alors que depuis toujours (même quand je mangeais de la viande donc) c’était ce que je commandais la plupart du temps. Pendant un moment j’ai quand même réussi à continuer à manger du saumon fumé puis, un beau jour de 2018, j’ai ressenti du dégoût. En 2019, ma consommation de poisson s’était tellement réduite que j’ai décidé d’arrêter d’en manger totalement. Même l’anchoïade que j’appréciais encore. Pour moi, il n’y avait plus d’intérêt, j’étais enfin prête à devenir végétarienne.
Le végétarisme : la découverte de nouveaux aliments
Parallèlement à cela, j’ai mangé de plus en plus sainement suite à une prise de conscience en 2014 : plus de fruits et légumes, moins de plats industriels, moins de plats méga gras puis, des protéines végétales pour compenser l’arrêt de la viande. Je découvrais même de nouveaux aliments : purées d’amande et de sésame, haricots azuki, flocons d’avoine, steaks végétaux, etc. J’ai eu des périodes où je cuisinais même : tacos, burgers, wraps, chili et repas de Noël végétariens. Et, en 2018, j’ai enfin trouvé le tofu comestible durant mon voyage ! Jusque-là j’avais acheté du tofu nature sous vide d’une couleur gris/blanc et d’un aspect peu appétissants. Infecte. Je l’ai cuisiné une fois froid et une fois chaud, rien à faire, c’était quasi immangeable. Et, au cours de mon voyage j’ai goûté du tofu au piment, aux olives et à d’autres saveurs, un délice ! J’ai fini par devenir une vraie végétarienne comme on se l’imagine : les légumineuses, le tofu, les graines, les flocons d’avoine. Bon, si on me connaît bien, il est un peu étrange que je sois végétarienne dans la mesure où je n’aime pas trop les légumes. J’y arrive pourtant. Et ce n’est même pas un effort ou un sacrifice. Quand on fait quelque chose qui fait sens pour soi, qui est en accord avec ses valeurs, on le fait, c’est tout. Enfin, c’est ce qui s’est passé pour moi.
Devenir végétarien, ça se prépare
Quand on décide de devenir végétarien, il est vrai qu’il faut bien s’y prendre et ne pas juste enlever le steak de son assiette et ne manger que l’accompagnement restant. Vous vous voyez manger une assiette avec juste des haricots verts ? Faire ça, c’est prendre des risques pour sa santé. C’est aussi la meilleure façon pour revenir en arrière tellement le moment du repas sera frustrant et insipide ! Non, il faut intégrer des protéines végétales à son alimentation et préparer des plats suffisamment appétissants pour que cela ne devienne pas un calvaire. Mais pas besoin pour autant de passer son temps derrière les fourneaux. Il y a aussi des recettes végétariennes faciles à faire, de la tambouille végétarienne ordinaire ou encore des fast-food et des plats industriels végétariens (ce qui est mauvais pour la santé mais ça existe).
Végétarisme : la fin des sorties restos ?
En revanche, le réel souci c’est qu’encore trop peu de restaurants en France proposent des plats végétariens. On est contents quand il y en a un car même ça cela peut s’avérer difficile à trouver. Alors si par malheur vous êtes comme moi et que vous n’aimez ni le chèvre, ni les champignons (quand je vous dis que je suis une végétarienne en carton à la base!) c’est parfois mission impossible! Cela pose surtout problème quand on doit trouver un restaurant là tout de suite. Mais si c’est planifié, en faisant deux trois recherches on en trouvera obligatoirement quelques-uns. La valeur sûre c’est le restaurant italien car il propose plusieurs pizzas, plats de pâtes et salades végétariens. Je rencontrais également ce problème pour les fast-food il y a quelques années quand j’étais encore flexitarienne mais que je ne voulais pas forcément manger de poisson. Il n’y avait aucun choix végétarien ni à Quick ni à Mcdo. Depuis, Mcdo a sorti un burger ou wrap végétarien, Quick s’est fait remplacer par Burger King et ce dernier ne propose toujours pas de burger végétarien, en tout cas pas près de chez moi. Par contre, dans certains pays comme la Suède il y a un plus large choix végétarien dans les fast-food, davantage de « fausse viande » (faux chorizo, salami, fausse mortadelle, fausses boulettes, etc.) dans les supermarchés qu’en France.
Et ma santé dans tout ça ?
Qu’en est-il de ma santé en tant que végétarienne ? Eh bien, tout va bien ! Lorsque j’étais « flexitarienne » j’avais fait plusieurs prises de sang et tout était nickel. Depuis que je suis végétarienne j’en ai également fait et alors que je m’attendais à une petite carence en fer ou en B12, aucune carence, tout est bon ! A contrario, j’avais déjà eu des carences avant tout ça. Souvent, on a peur d’être carencé en protéine, on pointe souvent le végétarisme du doigt par rapport à cet aspect, alors même qu’il y a tellement de façons d’être carencé avec un régime alimentaire traditionnel. Comme quoi, les croyances sont tenaces !
Etre végétarien = manger plus sainement ?
Je n’ai jamais mangé aussi sainement de ma vie mais pour autant je ne suis pas extrême. Il paraît que les végétariens ont tendance à manger plus sainement que les autres. Mais comme je le disais plus haut, il est tout à fait possible de manger végétarien mais mal en se nourrissant uniquement de plats tout prêts et de fast-food. Je veux dire par là que le végétarisme c’est une chose, manger sainement en est une autre, manger bio encore une autre ! Je précise parce que certaines personnes pensent limite que « c’est tout ou rien ». En tout cas, c’est vrai qu’il y a cette tendance à manger plus sainement chez les végétariens. Cela tient peut-être au fait que l’on doit un minimum faire attention aux apports de nos plats et donc à varier le plus possible. Et, en ce qui me concerne, pour trouver tout ce dont j’ai besoin je dois faire en partie mes courses dans de petits magasins bio qui ont la plupart du temps un large choix végétarien et je trouve qu’ils ont quand même moins de choix en mal-bouffe que les supermarchés traditionnels ou alors ça coûte un bras donc je m’abstiens (par exemple pour des biscuits ou du chocolat)! Je dirais que, pour ma part, manger végétarien signifie manger plus sainement mais cela est arrivé alors que je commençais déjà à manger de mieux en mieux. Je mange globalement très bien et je trouve que je n’ai jamais autant mangé varié que depuis que je suis végétarienne ! Mais je suis aussi très gourmande alors il n’est pas rare que je m’achète une pâtisserie dans une boulangerie, que j’engouffre la moitié d’un paquet de chips ou que je me prenne un goûter bien sucré comme il faut (pas).
Et vous, êtes-vous végétariens ou souhaiteriez-vous le devenir ? Si oui, comment l’êtes-vous devenu ou comment comptez-vous vous y prendre pour franchir le pas?
Merci beaucoup pour ce nouvel article, sensible et très honnête.
Oui, devenir végétarien, ça n’est pas évident ni dans la décision, ni dans la pratique, mais c’est quelque chose qui s’impose à un moment de notre vie, surtout lorsqu’on éprouve un grand amour des animaux… du moins ça a été le cas pour moi.
Je partage tes divers sentiments et expériences sur ce chemin et la façon dont je le vis aujourd’hui. J’avoue ne pas être aussi attentive dans ma façon de cuisiner et j’ai conscience que c’est là que le bât blesse… je sais pourtant qu’il faut vraiment introduire de nouveaux aliments, où du moins des aliments que l’on négligeait avant, les légumineuses notamment. Perso, jusqu’ici, parce que j’ai un peu de mal à changer ma façon de cuisiner et parce que je vis avec un non-végétarien, je me contente de cet ajout, plus les fruits secs. J’ai encore du mal avec « les graines » et le tofu et, soyons honnêtes, la flemme de me renseigner de façon plus approfondie.
Par contre, bizarrement et pour le moment (je suis végétarienne depuis un an), mes analyses de sang n’ont jamais été aussi bonnes, alors que, comme toi, je craignais des carences…
Ce qui me chiffonne c’est de ne pas éprouver de dégoût pour la viande, quand je la vois, la cuisine, la touche, la sens… c’est comme un non-sens pour moi.
Chaque petit pas est important, chacun fait ce chemin comme il le peut avec ses moyens, ce qui compte c’est de réfléchir profondément sur l’injustice et la cruauté que notre société soi disant évoluée fait subir aux animaux et lutter pour que cela ne soit plus acceptable, à aucun niveau.
Une phrase que je me répète souvent (qui est parait-il de Léonard de Vinci… qui était végétarien… mais oui !) : « Ne faites pas de votre ventre un cimetière »… ça fait réfléchir vous ne trouvez-pas ?
Coucou Luernette, merci pour tous tes commentaires postés depuis la création de mon blog. Je ne t’ai pas répondu ici car on en parle entre nous de tout ça ! Mais je me suis dit aujourd’hui « peut-être aimerait-elle que je lui réponde quand même ici » :p Merci pour ton compliment 🙂 Si tes prises de sang sont bonnes c’est que finalement tu t’en sors bien même si tu vis avec un non-végétarien. En plus des légumineuses et des fruits secs, tu pourrais introduire les fameux tofu et graines. Pas besoin de te renseigner, essaie juste de goûter et tu verras si tu continues, tout simplement ! Le tofu est très riche en protéines. Il y a aussi les flocons d’avoine, le son d’avoine, en fait on ne s’en rend pas compte mais il y a plein d’aliments qui contiennent des protéines ne serait-ce qu’un petit peu et quand on les ajoute on a nos apports. 🙂 Par contre, je te rejoins sur la flemme, je ne compte pas les apports de chaque aliment que je mange en vue d’être nickel dans mes apports journaliers (bien trop contraignant!), je ne me suis jamais hyper renseignée finalement. Mais « ça le fait » de cette façon-là alors je continue comme ça et si un jour mes résultats sanguins sont mauvais je me renseignerai pour rectifier le tir. Oui tu me l’avais dit, moi je pense qu’il n’y a pas de souci avec le fait de ne pas être dégoûtée de la viande et du poisson tout en étant végétarien. Je pense même que c’est d’autant plus louable car c’est un effort que tu fais tandis que moi je ne peux plus en manger donc aucun effort finalement. Par contre, je préférerais ne pas être dégoûtée, comme toi, car ça serait plus simple dans certaines circonstances. Super la citation de Léonard de Vinci.. 😉